novembre 1589.                            I7
huissier des comptes, furent pendus et estranglée à Paris, pour avoir (ainsi que l'on disoit) conspiré contre Testat de la ville. Ils en accusèrent plusieurs, et entre autres le president Blancmesnil, qui fust pris au logis de M. Du Plessis de Thou, où il s'estoit caché. Quand au sire Blanchet, c'estoit un bon bourgeois de ville, homme de bien, et bon serviteur du Roy ; mais trop peu discret et secret pour une telle entreprise. Et me souvient qu'estant à la Conciergerie lorsque le Roy fust tué, deux honnestes hommes de mes amis l'aiant entendu avec moi discourir sur les affaires de ce temps, firent des lors le jugement de sa fin telle qu'elle est advenue.
Le vendredi a4 novembre, fust pendu et estrangle à Paris ung nommé Servin, pour cause de trahison et conspiration contre la ville.
Le samedi __5 novembre, Lois de L'Estoile mon fils* partist de Paris pour aller à la guerre avec le chevalier Picard, où je fus comme forcé de le laisser aller, pour éviter à plus grand inconvenient : le malheur du siecle estant tel, qu'un homme de bien ne pouvoit estre ici cn sûreté, s'il ne connivoit aux armes et rebellions qui se faisoient contre le Roy.
Le jeudi trentieme et dernier novembre ï 589 » ma~ damoiselle Caminat, voisine de ma mere, lui presta une lettre que lui escrivoit de sa prison de Tours le prieur des jacobins, en date du 25 de ce mois, de la­quelle je retirai une copie, et la fis courir comme elle meritoit. On la trouvera escrite dans un de mes livres de receuils. Entre autres particularités, y cn a une d'un chat mort que ce bon prieur lui ramantoit dans sa lettre, qui lui montra comme elle entroit dans son con­vent, et lui dit qu'il ne faisoit non plus de conte du 46.                                                    a              "
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